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Sexualité & Société

POURQUOI CERTAINES FEMMES COUCHENT AVEC DES hOMMES QU’ELLES NE DÉSIRENT PAS ?

Disons-nous la vérité hein : c’est un sujet complexe qui mérite d’être nuancé, car il est souvent en proie à des dynamiques invisibles mais profondément enracinées. Beaucoup de femmes se retrouvent à coucher avec des hommes qu’elles ne désirent pas, sans jamais avoir été contraintes physiquement ou manipulées directement. Pourtant, la sensation de coercition intérieure est bien réelle. Pourquoi ces situations surviennent-elles si fréquemment, et qu’est-ce qui pousse certaines femmes à vivre des rapports sexuels sans désir ?

UNE PRESSION SOCIALE IMPLICITE

Le monde dans lequel nous vivons valorise encore, dans une large mesure, l’idée que les femmes doivent répondre aux attentes des hommes, notamment en matière de sexualité. Dans les interactions sociales et amoureuses, il existe parfois une forme de pression douce, subtile, qui pousse certaines femmes à se conformer à ce qu’elles pensent que l’on attend d’elles. Coucher avec un homme, même sans désir, devient une manière de valider son attention, son affection, ou même de prouver sa propre féminité. Cette pression peut être invisible, mais elle n’en est pas moins pesante.

De nombreux témoignages recueillis révèlent souvent cette peur de décevoir l’autre, cette peur d’être vue comme « frigide », « froide », « ennuyeuse » ou « distante ». De fait, beaucoup de femmes cherchent à s’adapter à un modèle de désir qui n’est pas le leur, juste pour ne pas bousculer les attentes et pour préserver l’image d’une relation ou d’une rencontre « réussie ». La peur de l’échec social devient alors plus puissante que l’instinct d’écoute et de respect de ses propres envies.

LE POIDS DE L’ÉDUCATION ET DES RÔLES GENRÉS

L’éducation joue un rôle fondamental dans ces mécanismes. Dès l’enfance, beaucoup de filles sont souvent exposées à des messages subliminaux sur la manière dont elles doivent ou devraient interagir avec la plupart des hommes. Ainsi, à beaucoup de filles, il arrive qu’on enseigne à plaire, à être gentilles, à répondre aux besoins des autres et cela, avant les leurs. Ce conditionnement peut perdurer à l’âge adulte, et de manière bien plus insistante. La conséquence se situe au niveau de l’incapacité manifeste de la majorité d’entre elles, à dire « non » face à ce qui ne leur convient pas ou à simplement écouter leur propre corps.

De plus, dans certaines familles, le rôle de la femme est encore intimement lié à celui de l’homme. Et dans ce cadre-là, l’idée que leur homme est un pilier à préserver, voire à « servir » ; insuffle des comportements qui les pousse à chercher à plaire, à ne pas décevoir. Coucher avec un homme sans en avoir envie devient alors un acte de conformisme ou de « devoir » (relationnel, conjugal ou autres).

LA PEUR DU REJET ET DE LA SOLITUDE

Beaucoup de femmes craignent qu’en refusant d’avoir des relations sexuelles avec un homme qui les sollicite dans ce sens, elles risquent d’être jugées, délaissées ou abandonnées. Cette crainte d’être seule, ou de ne pas correspondre aux attentes sociales de la séduction, peut les conduire à céder à des rapports qu’elles ne désirent pas.

Ce phénomène, lié à la dépendance affective, révèle un besoin parfois inconscient de valider sa place dans une relation, même si celle-ci est insatisfaisante ou désagréable. Plus largement, l’idée que l’intimité physique est le ciment d’une relation affective amène souvent beaucoup de femmes, à penser que céder est plus simple que refuser.

LA PRESSION DE « PERFORMER » DANS L’INTIMITÉ

Certaines femmes ressentent le besoin de prouver qu’elles sont à la hauteur des attentes sexuelles de leur partenaire. Elles miment parfois le plaisir, voire jouent le rôle de la femme passionnée, pour ne pas entacher l’ego masculin. Mais quelque part aussi pour entretenir le leurre de leur propre ego féminin.

Le désir authentique est alors mis de côté pour assurer une harmonie apparente dans la rencontre, bien qu’intérieurement, elles ressentent l’aversion ou l’indifférence. Ce comportement, dicté par la peur de blesser l’autre ou de passer pour « incompétente » dans l’intimité, crée un cycle de rapports insatisfaisants qui finit par miner leur bien-être.

LE MANQUE D’AUTO-CONNEXION

Beaucoup de femmes n’ont pas appris à écouter leur corps et leurs désirs profonds. C’est-à-dire passer au filtre leurs ressentis et prendre conscience de leurs envies. Elles vivent dans un mode où l’introspection, surtout en matière de sexualité, n’est pas leur préoccupation fondamentale ou leur approche à elles-mêmes. Acculées par le flux de charges liées au quotidien, beaucoup d’entre elles, peuvent ne pas reconnaître leur propre absence de désir avant même de s’engager dans l’acte. C’est seulement après, qu’elles réalisent leur désintérêt.

VERS UNE RÉAPPROPRIATION DE SON DÉSIR

Ce phénomène n’est ni une fatalité ni une anomalie individuelle, mais bien le produit de plusieurs facteurs : sociaux, psychologiques, culturels et plus encore. Se réapproprier son désir est un processus qui demande du temps, mais il commence par l’écoute de soi. Il est essentiel pour les femmes qui sont concernées par cette problématique, de reconnaître que leur désir ou leur absence de désir est légitime, et que la sexualité ne doit jamais être un terrain de sacrifices, de pressions, d’urgence imposée ou de gêne concédée.

Cela signifie aussi se défaire des attentes imposées par la société, l’éducation, ou même par la peur de déplaire. Se réapproprier son désir, c’est reconnaître qu’il ne doit jamais être conditionné par les besoins ou les attentes des autres, mais seulement par une connexion intime à soi-même.

AU FINAL…

Coucher avec des hommes que l’on ne désire pas n’est pas nécessairement un signe de malaise profond ou de traumatisme, mais bien souvent le reflet d’une déconnexion avec soi-même, et d’un conditionnement social, culturel ou religieux qui valorise l’autre au détriment de soi. Sortir de cette dynamique, c’est choisir de se respecter et d’assumer que le désir est un espace de liberté personnelle avant tout.

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