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Sexualité & Société

7 BONNES MANIÈRES DE PROTÉGER NOS FILLES FACE AUX VIOLENCES SEXUELLES

Disons-nous la vérité hein : les violences sexuelles qui touchent les filles en Afrique chaque jour sont alarmantes. Et souvent, des drames se produisent dans l’indifférence. Or pour garantir leur sécurité et leur avenir, il est crucial d’adopter des méthodes, pratiques, habitudes concrètes. En voici sept (7) qui pourraient contribuer à les protéger.

L’INNOCENCE NE DOIT PAS ÊTRE UN PRÉTEXTE

Donnons-leur les outils nécessaires (adaptés à leur âge) pour reconnaître ce qui est approprié et ce qui ne l’est pas. Les « fais un bisou à tel ou telle parce qu’il le demande » doivent cesser. Les « va t’asseoir sur les cuisses de telle ou tel » ne sont plus acceptables.

Ne justifiez pas ces comportements par la proximité familiale, l’amitié, l’âge, le genre, ou la nature de l’adulte. Le danger se cache souvent sous le masque de l’innocence. Évitons de pousser nos filles à faire ce qu’elles ne veulent pas, sous prétexte de politesse ou pour éviter de frustrer quelqu’un d’autre. Pensez aux malaises accumulés par nos enfants, et à ce qu’ils peuvent devenir au fil du temps.

Prenons le temps de les écouter, d’expliquer, et de les accompagner dans la gestion de leurs ressentis. Comprendre vaut mieux qu’imposer. Clarifiez avec votre fille ses réticences, plutôt que de la pousser dans les bras d’un potentiel prédateur ou prédateur. Rien ne vaut l’insouciance et la sécurité de nos filles pour un avenir équilibré, apaisant, et convenable pour elles.

COMPRENDRE LES SIGNES ET RECONNAÎTRE LA DÉTRESSE DE SON ENFANT

Une fille qui devient anxieuse, repliée sur elle-même, ou qui change brusquement de comportement a peut-être besoin d’aide. Restons attentifs.ves et bienveillants.tes en tant que parents, proches ou tuteurs.trices.

Nous devons cesser de leur lancer des commentaires du type « Ne sois pas si sensible » ou « C’est juste un jeu », quand elles subissent des comportements venant des adultes, et qui les perturbent. Soyons à l’écoute des non-dits et des signes subtils. Acceptons que nos filles n’aient pas la même interprétation des choses que nous. Apprenons à admettre qu’elles ne ressentent pas les mêmes sentiments face aux situations. Et redoublons de vigilance. C’est ça qui peut faire toute la différence.

ENCOURAGER LA COMMUNICATION ET CRÉER UN ENVIRONNEMENT DE CONFIANCE

Passez du temps chaque jour à discuter avec votre/vos fille/s. Et surtout, sans distraction. Lui/leur poser des questions sur sa journée, sur les interactions qu’elle/s a/ont eues et écouter attentivement ses/leurs réponses. Vous percevrez par ce biais, sa vision de la réalité. Et même le petit détail peut suffire à vous alerter sur les comportements de tel ou telle, avec qui elle/s est/sont appelée/s à interagir au quotidien.

Lorsque votre fille partage ses émotions ou ses expériences, montrez-lui que ses sentiments sont légitimes et qu’elle peut vous faire confiance. Reconnaissez et approuvez ce qu’elle ressent. Des formules existent pour le faire. Essayez par exemple de dire : « Je comprends que tu te sentes ainsi, c’est normal » ou « Merci de me parler de cela, c’est important ».

Encouragez donc vos enfants à exprimer leurs peurs et leurs expériences. Écoutez-les avec attention et sans jugement. Évitez les phrases telles que « Manyi ! Ne dis pas ça », « C’est toi qui interprète mal », « Ne dis rien à personne » ou « Ce n’est pas grave ça ».

Assurez-vous qu’elles se sentent en sécurité pour vous parler librement et continuer à le faire. Ce n’est qu’ainsi que vous pourrez mieux veiller à leur protection.

OFFRIR DU SOUTIEN ÉMOTIONNEL

Être présent est la solution la plus précieuse qui soit. Ça paraît anodin mais c’est d’une justesse d’aide qu’on ne soupçonne pas. Montrons de l’empathie et du soutien émotionnel à nos filles. Faisons-leur savoir qu’elles ne sont pas seules et que leurs sentiments sont importants, sont pertinents. Il faut aussi et surtout éviter d’accuser les enfants pour ce qu’on devrait reprocher aux adultes.

Bannissons les remarques comme « Tu exagères », « Tais-toi tu mens », ou « Oublie ça ». Chaque émotion exprimée est une étape vers leur guérison et leur bien-être. Alors, faisons preuve de compréhension et de volonté d’accompagnement.

ÊTRE VIGILANT DANS LES INTERACTIONS ET SURVEILLER

On ne sait jamais quand, où et comment mais les comportements inappropriés ou suspects d’adultes autour des enfants, peuvent survenir à tout moment. Soyons donc vigilant.e.s face aux remarques qui paraissent anodines mais qui ne le sont pas toujours. Soyons vigilant.e.s face aux compliments d’adultes sur les atouts physiques de notre/nos fille(s).

Et bien évidemment, nous devons veiller à exclure les « Allez, fais un câlin à cet adulte » ou « Laisse-toi faire, il plaisante ». Ce genre de laisser-aller est souvent une porte d’ouverture pour le drame. Intervenons de manière tranchée s’il faut. Ayons du tact mais n’hésitons surtout pas à être ferme quand cela est nécessaire. Ne laissons aucune brèche, sinon ceux et celles qui s’en prennent sexuellement à nos filles, s’en saisissent pour agir. Même la moindre blague à connotions grivoises mérite d’être prise au sérieux.

Nous devons développer ou accroître notre attention, notre réactivité, notre promptitude afin de recadrer les adultes qui feraient des allusions à caractère sexuel et notre action rapide peuvent prévenir des situations dangereuses.

AGIR EN CAS DE BESOIN ET SOLLICITER LES PROFESSIONNELS COMPÉTENTS

En cas de situation préoccupante, n’hésitons pas à chercher de l’aide auprès de professionnels compétents. Leur expertise est cruciale pour assurer la protection de nos filles. Une action rapide, informée et efficace est recommandée.

Éliminons de nos habitudes, les attitudes de « On va régler ça en famille » ou « Ça ne vaut pas la peine de faire des histoires ».

CONTRIBUER À LA COLLECTE DE DONNÉES ET PARTICIPER À DES ENQUÊTES

À cette échelle d’actions, nous n’agissons plus seulement pour notre seul cocon de vie ou familial. Nous posons des briques pour une construction nationale. C’est-à-dire pour des filles qu’on ne connaît pas mais dont la vie sera impactée par notre décision, notre participation. C’est comme accomplir une mission en ne faisant que ce qui mérite d’être fait. C’est comme transformer l’avenir de toute une nation, rien qu’en posant une pierre de valeurs à son niveau. Et comment ? Rien qu’avec des témoignages fiables, concrets, précis. Et comment ? Rien qu’en fournissant des informations vraies, vérifiables, précises ; qui vont devenir essentielle, qui sont essentielles pour comprendre la situation globale des filles dans notre pays.

Maintenant, imaginez que nous nous y mettions tous.tes dans toutes les maisons (oui, oui, là où tu loues, c’est déjà chez toi et ça compte), dans tous les quartiers, dans toutes les villes, dans toutes les communes, dans tous les départements ? Vous imaginez le nombre de filles que nous pourrons sauver de la prédation sexuelle, de la prétention de possession d’adultes qui sont sans vergogne ? Vous imaginez à quel point nous pourrons ensuite, envisager des solutions concrètes pour chaque cas, pour renforcer les mesures de protection de nos filles. Vous imaginez à quel point, nous allons transformer positivement notre pays et y proposer un avenir plus sécurisant, plus rassurant, plus apaisant pour nos filles ?

Hey pép pép pép ! Sortons-nous de la tête les idées comme « Ça ne sert à rien de témoigner » ou « De toute façon, personne ne va me croire » ou « Bof ! Ça va changer quoi ? ». Eh bien ! Sachez que ça sert à beaucoup. Oh que oui ! Tant de choses peuvent changer juste parce que vous avez de renseigner les drames sexuels qui se déroulent autour de vous sur votre fille, sur des filles de votre entourage. En plus, vous pouvez le faire de manière anonyme, sans être inquiété. Il suffit de fournir des renseignements fiables, vraies, vérifiables, précises. Donc, pas de feinte ! Pas d’excuse s’il vous plaît ! Chaque donnée recueillie contribue à créer un environnement plus sûr pour nos filles. Que des adultes les touchent, les tripotent, les agressent, les contraignent à assouvir des besoins sexuelles ; n’est pas normal. J’insiste : ce n’est pas NORMAL !

AU FINAL

Ensemble, faisons ce qu’il faut. Faisons ce qu’on doit. Agissons dès maintenant. Pour faire la différence. Pour sauver nos filles. Pour faire preuve de responsabilités et de bon sens social. Alors, vous êtes prêt(e)s à agir ? Alleeez ! Dîtes-moi que je peux compter sur vous ?

Togolais et Malien par ascendance, Djamile Mama Gao est originaire du village de Sori au Bénin. Après des études au Prytanée Militaire de Bembèrèkè et une formation journalistique, il est aujourd'hui slameur, écrivain, journaliste, et entrepreneur. Son travail esthétique et de recherche s'intéresse aux questions liées au sexe, aux sexualités, à la sensualité et à l'érotisme. Il est le fondateur du média Afrotismes.